Le burnout est un syndrome d’épuisement qui touche souvent des personnes très engagées dans leur travail. Il a au départ été étudié chez les travailleurs exposés à des situations émotionnellement exigeantes (soignants, avocats, etc.)

Il se caractérise particulièrement par trois types de symptômes, selon Christina Maslach (auteure d’une échelle validée psychométrique permettant de mesurer le burnout) :

  • un état d’épuisement physique, mental et émotionnel
  • une perte d’empathie ou une deshumanisation de la relation (voire l’apparition d’un cynisme)
  • un sentiment d’absence ou de perte de réalisation par le travail

Les raisons et les modalités d’entrée dans le burnout sont variables. Une des raisons connue est la surcharge de travail mais ce n’est pas l’unique raison. Selon l’étude que j’ai menée en 2012 sur 240 personnes, le burnout est aussi significativement corrélé au harcèlement moral, étant entendu que le harcèlement moral est un facteur parmi d’autres. En effet, tous les types de risques psychosociaux (absence de reconnaissance, surcharge de travail, temps de travail, pression temporelle, surveillance, exigences émotionnelles, absence d’autonomie ou marge de manœuvre, conflits au travail, conflits éthiques, absence de soutien, injonctions paradoxales, insécurité socio-économique, …) peuvent apparaître dans l’analyse de la situation de travail des salariés en burnout. Mon étude de 2012, m’a permis de constater une absence de burnout en cas d’exposition à moins de 6 risques sur 40 évalués, et une proportion de 86% de burnout (tous stades confondus) chez ceux qui étaient exposés à au moins 17 risques psychosociaux sur 40.

Le burnout est souvent l’occasion de crise dans le couple, en famille ou encore d’isolement. Vu de l’extérieur, il parait souvent incompréhensible à l’entourage et il peut être aussi l’occasion de commentaires qui vont être vécus par la personne concernée sur le mode de l’autodépréciation.  Il est aussi significativement corrélé à tous types de dysfonctions sexuelles aussi bien chez l’homme que chez la femme (selon mon étude de 2012),  ce qui apparaît fortement lié aux consommations de substances (psychotropes, alcool et autres) qu’il engendre afin de faire face au problème. .

Ainsi le burnout peut aboutir à une impossibilité de retour au travail à plus ou moins long terme, mais aussi à une peur de reprendre une activité professionnelle, une perte de confiance en ses propres capacités de travail, où encore une atteinte de l’estime de soi. Il arrive que les salariés aient tendance à se diriger vers un travail en dessous de leur capacité, ce qui s’avère être une solution souvent difficile à soutenir, dans le sens où elle risque d’être insatisfaisante et de s’accompagner d’une dégradation supplémentaire de l’estime de soi.

Sortir du burnout et se reconstruire passe par une analyse du “réel du travail” et une compréhension des facteurs de risques et des situations qui ont conduit à cet épuisement. En fonction des possibilités de changement de conditions de travail et de l’impact traumatique vécu, il sera possible ou non de reprendre le même poste de travail.

Se reconstruire passe aussi par la construction d’un cadre théorique de sécurité et de confort qui permettra un retour au travail. Quelle que soit notre formation, on apprend peu à penser et construire son cadre professionnel. Quels sont les risques professionnels liés à notre métier ou nos fonctions, quels sont ceux qui s’y superposent, et enfin quels sont ceux avec lesquels nous allons fonctionner dans le confort ou l’inconfort ? Pour expliquer les choses en quelques mots, tout métier comporte des risques par nature. Par exemple, par nature un soignant sera confronté à la détresse ou à la souffrance d’autrui, donc à des exigences émotionnelles importantes. Mais la plupart des soignants assument ces risques “par nature” et y ont été préparés dans le cadre de leur formation. Il existe aussi des risques “par nature” auxquels les salariés sont moins formés, mais qui vont être acceptables et vont devenir gérables avec l’expérience. Ma pratique clinique et mon expérience des risques psychosociaux me permettent de quantifier les risques professionnels dus à la “nature” du métier à 6 ou moins (sur les 40 évalués dans mon étude) dans la plupart des métiers. Les risques supplémentaires vont êtres le plus souvent liés à des circonstances organisationnelles, managériales, relationnelles ou économiques. Il se trouve que selon mon étude les personnes exposées à moins de 6 facteurs de risques ne présentaient pas de burnout.

Pour conclure sur la démarche thérapeutique proposée, ensemble nous pourrons analyser les facteurs qui ont été déterminants dans l’apparition du burnout et ceux qui vont vous permettre à l’avenir de travailler dans le confort et de prévenir la récidive. Quels sont les risques que vous êtes prêt(e) à assumer ? Quels sont ceux que vous déciderez d’éviter ? Quels sont vos points forts ? Quels sont les facteurs individuels sur lesquels vous pourrez avancer et que nous pourrons travailler ? Quels sont les jalons que vous poserez dès l’entretien en cas de changement d’entreprise ? Quel cadre va vous permettre de concilier vie au travail et hors-travail ? Quel cadre va vous permettre de vous réaliser dans le travail ?